Tu veux faire les choses correctement, avancer dans la bonne direction, réussir ta vie ?
Voici 6 astuces pour y parvenir.
(J’ai testé pour toi. J’y ai mis beaucoup de cœur.)
1. Aie une carrière clinquante
L’essentiel, c’est de briller. Peu importe ce que tu fais vraiment, l’important, c’est que ça en jette. Gravisse les échelons, fais des slides PowerPoint animées, parle fort en réunion. N’oublie pas de dire que tu es “passionné·e par le challenge”. Les apparences, c’est la clé.
2. Sois aimé·e de tout le monde
Évite les conflits, les opinions tranchées et les “je ne suis pas d’accord”. Surtout, ne vexe personne. Aie toujours un petit mot gentil, même quand on te marche dessus. C’est ça, être quelqu’un de bien.
3. Adopte un style politiquement correct
Ne te mouille jamais. Reste lisse. Ris aux bonnes blagues, souris aux mauvaises, et surtout, n’aie pas de personnalité. C’est bien trop risqué. La différence pourrait déranger, et tu n’es pas là pour déranger, si ?
(Je me suis longtemps fondue dans le décor, avec un certain talent. Une forme d’art, presque.)
4. Donne, donne, donne !
Tu vaux ce que tu offres aux autres. Alors, donne tout. Ton temps, ton énergie, tes nuits de sommeil. N’attends pas qu’on te le demande : anticipe. La loi de l’attraction te récompensera sûrement. Un jour. Peut-être.
5. Ne fais jamais de mal à personne
Même quand on te blesse. Même quand on abuse de toi. Sois au-dessus de ça. Pardonne, souris, et dis merci. Le mal, c’est mal. Et puis il ne faudrait surtout pas être une “mauvaise personne”.
6. Bannis les confrontations
Évite toute forme de friction : avec les autres, avec la réalité, avec toi-même. Ne te regarde pas dans le miroir, le reflet pourrait être bien trop dégueulasse. Mieux vaut vivre dans l’illusion d’un soi impeccable que d’oser affronter ce qui gratte.
En conclusion…
J’ai été graphiste à mon compte.
Je “fonctionnais bien”, comme on dit. Je voulais bosser pour des gros clients, avoir le dernier MacBook Pro très cher (celui avec lequel j’écris, et rapidement défectueux, avec une Touch Bar qui clignote — l’horreur). Je voulais faire les plus beaux designs, impressionner, briller. J’ai même fait une formation en illustration pour que mes projets aient plus d’impact.
Et ça a marché.
Pendant un temps.
Puis je me suis perdue en route.
Ou plutôt, je me suis retrouvée.
J’ai tout lâché. Le rythme, l’image, le bruit. Tout ce tapage m’épuisait. Ce que certains appellent “la nuit noire de l’âme”, je l’ai traversée, je la traverse encore. Et dans ce moment suspendu, la seule chose que j’ai réussi à faire pour m’occuper… ce sont des peintures avec des numéros.
C’était mon passe-temps préféré enfant.
Au début, je me disais : “Céline, la honte. Tu fais des coloriages pour gosses.”
Et puis j’en ai fait un.
Puis deux.
Puis dix…
J’ai commencé à sentir que ces images — dragons, ours, loups, Van Gogh et ses tourbillons de folie — me parlaient directement. Pas à l’ego. Pas au mental. Mais à ma psyché.
Je ruminais en peignant. Je mentalisais tout. Mais quelque chose bougeait. Lentement. Profondément.
Ce processus régressif, dénué de tout enjeu créatif ou technique, m’a offert un espace de découverte de moi.
Un lieu sans attente, sans objectif.
Un sas.
C’est là que tout a commencé à me parler autrement.
Ce n’était pas de l’art.
C’était un dialogue.
Et j’ai compris que ce que je croyais être un effondrement… était en fait une traversée.
