Tu n’as quasiment jamais travaillé de ta vie.
Pas au sens où on l’entend dans les entretiens d’embauche. Pas au sens productif, utile, rentable.
Tu n’aimes pas faire des efforts.
Pas ceux qui demandent de se tordre pour rentrer dans une case. Tu avances quand ça résonne. Tu bouges quand c’est vivant. Tu donnes quand il y a un lien. Tu fais ce qui a du sens, même quand ça n’en a pas, surtout quand ça n’en a pas.
Tu n’as pas bossé 10 ans dans la restauration
Tu as ri. Tu as partagé. Tu as vécu.
C’était stressant, oui. Mais tu étais portée par une équipe soudée, par une énergie collective qui tenait debout même dans le chaos. Tu n’y as pas trimmé. Tu y as existé autrement, hors des cadres classiques du “boulot”.
Tu n’as pas travaillé dans la com’
Tu as créé. Tu as communiqué. Tu as bidouillé, designé, présenté, retouché.
Mais c’était surtout un moyen de t’exprimer, de te rencontrer toi-même dans le regard des autres. Tu as usé les logiciels comme on use des pinceaux, sans jamais chercher à optimiser le ROI.
Tu n’as pas enseigné
Tu as transmis. Avec plaisir, parfois avec dégoût.
Parce que même transmettre peut devenir un rôle trop étroit, trop normé. Mais il y a eu des regards, des frissons, des silences partagés, et des élèves que tu n’as jamais oubliés.
Tu n’as pas enchaîné les petits boulots
Tu as cherché. Tu as bifurqué.
Chaque job n’était pas une case de plus sur ton CV, mais une tentative de sentir quelque chose. Une façon de voir ce que tu n’étais pas. Un passage, pas une ascension.
Tu n’honores pas des rendez-vous à la chaîne
Tu rencontres. Tu découvres.
Tu aimes entendre ce qui se cache derrière les mots, ce qui déborde du cadre prévu. Tu ne supportes pas les cases rigides. Ce que tu fais doit respirer. Tu ne veux pas servir des prestations standardisées. Tu as besoin de lien. De réel.
Tu n’as jamais aimé travailler
Et pourtant, tu n’as pas chômé.
Mais ce que tu as fait ne rentre dans aucune fiche métier. Tu as marché dans des sillons que personne n’avait tracés. Tu as quitté des chemins tout faits sans prévenir. Tu as écouté le feu intérieur, même quand il brûlait sans lumière.
Alors non, tu n’aimes pas travailler.
Mais tu aimes créer. Partager. Explorer. Tu aimes ce qui palpite, ce qui pousse à dire « oui », même sans certitude.
Et peut-être que c’est ça, travailler autrement.