
Fini la guerre intérieure. Fini les batailles pour obtenir un je-ne-sais-quoi qui, de toute façon, n’est pas là. Cette chose qu’on croit devoir atteindre pour enfin respirer, on la porte souvent en soi, sans la voir. Pour enfin se dire : « c’est bon, j’y suis ». Mais non. Rien ne vient vraiment. Pas comme on l’avait imaginé. Et en attendant, on s’épuise.
Pourquoi cherche-t-on tant de désirs lointains, inaccessibles, alors que tout est déjà là ? Pourquoi se fatiguer, s’éreinter, courir d’un point A à un hypothétique point Z, quand le point B était juste là, à côté ?
La vie est une montagne, oui. Immense. Parfois cruelle. Mais elle nous met tout à disposition. Comme une table toute simple, déjà dressée. Pas luxueuse, pas parfaite, mais suffisante. Il y a à manger, à boire, un siège pour toi. Mais non : on n’en veut pas. On dit que c’est trop facile. Pas assez noble. Trop à portée de main.
Et pourtant.
Il n’y a jamais un but qui soit inatteignable — ni physiquement, ni intellectuellement, ni même financièrement. Nous avons tout ce dont nous avons besoin pour passer à la marche suivante. Pas pour conquérir le sommet. Pas pour changer de vie du jour au lendemain. Mais pour avancer d’un pas. Juste un. Un juste pas.
Alors facilite-toi la vie. Prends le chemin simple. Pas le plus court. Pas le plus rapide. Celui qui te respecte. Qui est déjà ouvert. Où tu peux marcher sans devoir te déformer. Le sentier balisé, éclairé. Celui qui ne te demande pas de te trahir.
Parfois, on n’a pas besoin de découvrir une vérité mystique. Il suffit de regarder autour de soi. Ce que tu cherches est peut-être déjà là. Une amitié que tu n’avais pas vue. Une envie discrète que tu n’avais pas honorée. Un chemin à mi-hauteur, oublié des projecteurs.
On a appris à souffrir pour mériter. À s’user pour prouver. Mais la vérité, c’est que beaucoup de choses nous sont offertes, en douce, sous notre nez.
Et si, pour une fois, on arrêtait de chercher plus loin ? Et si on cessait la course ? Et si on prenait simplement ce qu’il y a, ici ?
Ce n’est pas rien. C’est même tout.