Le doute intérieur
J’ai longtemps remis en question mes perceptions, leur validité, leur origine. Est-ce réel ? Est-ce délirant ? Je me demandais si mon équilibre intérieur tenait ou vacillait, si la frontière entre intuition et dérive m’échappait. Cette incertitude m’a menée à consulter une psychiatre, à l’origine pour traiter les douleurs liées à la fibromyalgie. Au fil des rendez-vous, nos échanges ont glissé vers une exploration plus intime, plus silencieuse. J’avais besoin de savoir si ce que je vivais relevait d’une maladie mentale ou d’un fonctionnement particulier. Cette aventure intérieure, exigeante, a fini par apaiser mes craintes. J’ai compris qu’un esprit sain n’est pas celui qui évite les zones troubles, mais celui qui ose les traverser sans s’y perdre.
À cette période, j’étais aussi attirée par les reportages sur les troubles psychiatriques — schizophrénie, bipolarité — comme si j’avais besoin de me situer face à ces réalités extrêmes, de m’y confronter à travers des miroirs grossissants. Et j’ai reçu plusieurs appels de personnes instables mentalement, qui me demandaient des soins. J’ai parfois dû refuser ces consultations, sentant que leur état fragile aurait pu être aggravé par une exploration symbolique non encadrée. Je savais que la médiumnité, aussi fine soit-elle, ne peut pas se substituer à un accompagnement psychiatrique quand l’ancrage manque totalement.
Le regard des autres
J’ai compris aussi, avec le temps, que cette peur de la folie avait été nourrie par mon entourage bien avant que je décide de m’y confronter consciemment. Depuis l’enfance, on m’avait renvoyé cette idée : ma mère me disait régulièrement que j’étais folle. Plus tard, à l’âge adulte, j’en ai encore reçu l’écho. Ce « t’es folle » revenait sous des formes apparemment anodines, mais profondément marquantes. On me traitait de folle non pas parce que j’avais des visions, mais parce que j’étais audacieuse, franche, et que je me lançais dans des projets qui sortaient des cadres établis. « Tu es folle de faire du graphisme », m’avait-on dit lors de ma dernière reconversion. « T’es folle » encore, simplement parce que je faisais des blagues décalées ou que mes récits surprenaient. Ces remarques, légères en apparence, résonnaient avec quelque chose de plus profond en moi. Elles devenaient les échos extérieurs d’un doute intérieur que je n’avais pas encore nommé. Ce n’était pas la médiumnité qu’on jugeait, mais la liberté avec laquelle je l’incarnais.
Ce que les soins ont apporté
Les soins m’ont aidée à retrouver un ancrage, car mes visions étaient justes. Elles allaient de plus en plus loin, touchaient des zones enfouies, soignaient des esprits tourmentés par des traumatismes anciens. Ce qui remontait en soin — larmes, colère — était accueilli dans un espace de justesse, dans une forme de clarté partagée. Ce n’était pas un débordement incontrôlé, mais une rencontre précise avec ce qui demandait à être vu. Ce n’était pas une fuite hors du réel, mais une plongée exacte dans sa profondeur.
Pendant les soins, je ne perdais jamais pied. Une vibration particulière me portait, claire, structurée. Comme si un autre champ de conscience me traversait, logique malgré son étrangeté. Hors des soins, en revanche, les choses étaient plus floues. J’ai dû apprendre à me protéger de mes propres projections.
Ce que la médiumnité n’est pas
La médiumnité peut surgir de façon soudaine : visions, sensations, impressions. Certaines sont douces, d’autres percutantes. Contrairement aux projections émotionnelles, qui naissent souvent d’une attente ou d’une peur, les véritables flashs médiumniques se manifestent sans sollicitation, dans un élan spontané et neutre. Ils ne cherchent ni à rassurer ni à confirmer une émotion intérieure ; ils apparaissent avec une clarté autonome, souvent décalée du vécu immédiat.
Un jour, j’ai vu un homme pendu dans mes escaliers, juste avant un soin. Plus tard, la cliente m’a confié que la pendaison d’un proche la hantait. Ce que j’avais perçu n’était pas une hallucination, mais une mémoire inscrite dans son champ, prête à être reconnue.
La médiumnité ne cherche pas à séduire. Elle révèle. Elle n’efface pas la réalité, elle en montre les couches invisibles. Et parfois, elle devance même les mots, comme ce jour-là.
La différence ne tient pas à ce qu’on perçoit, mais à ce qu’on en fait. À la manière dont on revient. Une médiumnité mûre sait refermer, discerner, filtrer. La folie, elle, prend tout, sans digue. Mais si tu te poses la question, c’est que tu es encore là, observant. Et cette lucidité, même fragile, est déjà un ancrage solide.
Conclusion
Si ce texte résonne avec ce que tu traverses, ou si tu as envie de partager ton expérience, tes ressentis, tes doutes ou tes élans, n’hésite pas à le faire. Ces échanges permettent parfois d’éclairer ce qui semblait encore flou, et de tisser des ponts là où l’on se croyait seul.
➜ Si ce sujet t’interpelle, tu pourrais aimer Voyance et Destin : Illusion ou Réalité ? Ce que les prédictions révèlent vraiment